Publié le 5 décembre 2016 par Léonidas Durandal à 11 h 46 min
scientistes qui ne mènent nulle part. Avant il fallait créer une nouvelle société du jouir sans entrave à plusieurs partenaires et en détruisant la famille. Désormais, il faudrait refonder famille traditionnelle et savoir s’exclure de la société. Contre le cynisme d’une modernité qu’ils ont créée, les girouettes progressistes jouent la carte de la pureté.
L’éducation des enfants
Voilà où le film est le plus caricatural. Education égalitaire entre filles et garçons, scientisme, communisme, rejet du Christianisme, Bouddhisme de bon aloi. Il est pourtant marrant de constater comment cette famille mime certains catholiques sceptiques face au monde moderne et qui par exemple, ont choisi d’instruire leurs enfants à la maison, bien avant les gauchistes.
D’ailleurs pour se sortir du pétrin avec un policier sourcilleux, ils jouent la comédie d’une de ces communautés de croyants à merveille, si bien que l’homme de loi s’y fait prendre. En vérité, la différence n’est pas si grande dans la forme, et cela dit quelque chose du fond.
Si les principes transmis aux enfants se veulent vrais, ils se révèlent beaucoup plus superficiels que ceux de notre Eglise. Par exemple, cette famille fête la naissance de Noam Chomsky, comme si c’était Noël, et pense là combler le besoin de spiritualité de l’humain…
Ils ont beau juger que celui-là soit un bienfaiteur de l’humanité, je ne vois pas qu’il ait donné sa vie pour le monde. Ou bien qu’il n’ait pas commis de nombreux péchés au vu de ce qu’il a écrit. A un moment du film, les enfants font même remarquer le ridicule de la situation au père. Or celui-là préfère cette fête matérialiste aux simulacres de fête chrétiennes telles qu’elles sont pratiquées dans notre société. Ca, je peux le comprendre. Mais si le monde est laid par la faute de ceux qui dévoient la religion, il l’est tout autant par la faute de ceux qui n’endossent pas leur croix. Or pour Captain fantastic, le monde est binaire, et il est du bon côté. Il faut accepter sa médiocrité ou la rejeter. Jamais il n’imagine devoir se sacrifier pour cette société. Juste vivre le plus loin possible du mal et être heureux.
Seulement, il est difficile de tenir sur une telle ligne idéologique à ce point caricaturale. Et les enfants vont s’apercevoir d’une partie du mensonge en se confrontant à d’autres. Le retour à la société, va signer la fin de certaines illusions chez eux. Ils ont appris dans les livres, mais en vérité, ils ne savent rien. L’aîné va décider de partir au hasard pour un grand voyage à la fin du film afin de pallier ses carences. Le père croit lui avoir appris le principal en l’instruisant. Ce n’était pas le cas.
Un autre garçon va vouloir connaître ses grands-parents pourtant rejetés par sa mère. Tous en vérité, sont des handicapés. Ils ne savent rien des relations sociales et du coeur humain.
Ainsi, le film défend l’idée qu’il faudrait partir de la science et que le reste viendra plus tard. Je suis très sceptique face à cette conception de la vie. Les rapports humains s’apprennent en immersion, en étant guidés par son père et sa mère. Commencer à les apprendre à 16 ans, c’est tout bonnement du suicide. Dans la vraie vie, jamais ces enfants ne rattraperont leur retard. Cependant, il est aussi vrai que notre société est devenue toxique, pour les enfants, pour les adultes, pour les gens de bonne volonté. Alors comment faire ? A part l’idée de sacrifice christique, je ne vois pas bien de solution à ce dilemme, ce que justement le film refuse violemment.
Mais ! ?
C’est un documentaire sur la mère de ma fille !
Tout y est : la direction du casting avec les Services Sociaux dans le rôle des SS, les femmes anorexiques s’employant à rendre la justice dans les tribunaux en séparant les pères de leurs enfants, le milieu associatif sachant défendre sa peau quand l’heure est venue de placer l’intérêt supérieur de l’enfant là où il n’a plus rien.
Et oui, je retrouve bien les figurants « spécialisés » dans « L’humain » ; face à la file d’attente habituelle des candidats poussés au suicide chaque année que sont les papas protégeant leur cœur sous la tombe. Rarement moins de 1500 selon l’INSEE.
La réalité étant sordide, puis cruelle et enfin criminelle, on comprend le directeur de casting dans son choix de ne pas faire fuir le public et le critique.
Heureusement, vous ajoutez beaucoup d’eau dans votre vin pour ne pas écœurer le lecteur, à l’instant où il comprend le bonheur effacé de quelques amis, si peu émus de Bambi et sa famille.
On peut douter de Dieu tant qu’on y croit, mais personne ne douterait de l’enfer qui sépare la vie de la mort. Il existe, tout simplement. C’est cet « abyme » qui sent si fort le soufre. Même de loin.
Rendre beau au cinéma une histoire qui ferait chialer sans issue, est une affaire qui tourne mal.
Souffrir, c’est mieux quand on en rit.
Jésus n’est pas une fiotte.
Merci Captain Durandal