La dernière leçon politique (incomprise) de Jean-Marie Le Pen

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Parlons de grandeur d’âme puisque tout le monde semble avoir oublié le sens même de ce concept. Parlons de France puisque sans Jean-Marie Le Pen, nous aurions oublié qu’elle existât. C’est peut-être ça le sens d’un enracinement millénaire sur un territoire comme le nôtre : être incapable de se renier si on est homme. Oui, sans Jean-Marie Le Pen l’idée de terroir aurait peut-être disparu. Ce pays qui a voulu cultiver son universalisme en abandonnant sa croyance catholique se serait auto-détruit jusqu’au bout sans son courage politique. Mais pire encore, il est probable qu’un nationaliste médiocre aurait récupéré l’idée de France pour la dévoyer. Comme aux Pays-Bas, il se serait focalisé sur l’Islam pour tout programme politique et n’aurait eu pour ambition que de flatter la conscience des crétins bien-pensants pour arriver au pouvoir. Toute ressemblance avec des personnes existantes n’est pas le fruit du hasard.

Il paraît qu’il faut faire des compromis(sions) pour réussir. Jean-Marie Le Pen nous a laissé une espérance : non, un Français n’est pas obligé de vendre son âme. Il peut se battre, jusqu’au bout, pour une idée qu’il croit bonne, contre vents et marées. Issu d’une famille de marins pêcheurs, il aura poursuivi l’ouvrage de ses ancêtres, toujours sur le pont, jetant ses filets au large et acceptant ce que la mère patrie avait à lui donner. La France fut ingrate. Elle laissa de côté un des rares hommes de son temps qui l’aimât. Qu’importe. Il la servit. Combien de notre génération de serfs pourront en dire autant à la fin de leur vie ? Déjà ses héritiers, sommés de courber l’échine, baisent le cul des évidences. Les leçons de l’existence…

Un homme politique de la trempe de Jean-Marie Le Pen savait très bien qu’il aurait été inutile de conquérir le pouvoir en perdant son âme. Il aurait gouverné, il n’aurait rien changé. Malheureusement, il doit accepter de le laisser, à l’intérieur de son parti, à une génération de gavés frivoles. Il faut rassembler, il faut gagner, il ne faut plus penser. Que la France des vainqueurs est laide. Qu’elle mérite sa décadence. La France de toutes les couleurs ressemble à celle de Jean-Marie. Elle n’est pas déni des différences, mais vérité. Elle parle de noirs, d’Arabes, de Français de souche, de Juifs, de franc-maçons sans la moindre ambiguïté. Elle les a trop fréquentés. Elle dit, elle se fait respecter. Elle hait les fausses religions.

Ces temps où les hommes avaient un peu d’aura en France semblent tellement loin. Jean-Marie Le Pen apparaît désormais comme un des seuls rescapés d’une époque révolue et distante. Nos adolescents post-68ards se seront frottés à lui pour grandir. Devant la masse, il aura été un peu seul pour répondre à leurs caricatures inconséquentes. Mais grâce à lui et sans y avoir bien réfléchi, ils auront repris à leur compte l’idée de France, de drapeau, de Nation.

Symboliquement, ce sont des filles qui auront endossé l’héritage. Dans notre monde féminisé je ne crois pas que ce fût le fruit du hasard. Sa fille Marine aura été préférée à un Bruno Gollnisch sans qu’il ne fût jamais question de perpétrer ou d’améliorer, mais plutôt de changer, de « dédiaboliser », de « rassembler » mais surtout de « médiatiser ». Il y a bien longtemps que l’apparence avait pris le pouvoir dans notre pays même dans le parti de Jean-Marie. Les femmes auront été les artisans et les bénéficiaires de ce mouvement, poussées en cela par leurs pères. Car Jean-Marie Le Pen aura cru pouvoir faire vivre ses idées au-delà des personnes à travers sa lignée. Sur ce point, il se sera trompé. Tribu et Nation sont très souvent opposées. Quand bien même on croirait pouvoir faire passer la Nation avant tout au sein de sa famille, ce sont des êtres de chair qui incarnent un combat. Ce flambeau est en de si mauvaises mains parmi ses héritiers que, désirant prendre le pouvoir coûte que coûte, ils n’imaginent plus que traîtrise et perfidie pour arriver à leurs fins. Et alors que Jean-Marie Le Pen voit la France niaise qu’il a combattue justement imploser, ses « partisans » le somment d’adhérer à la sainte vérité des médiocres qui ont échoué, au lieu de l’épauler dans son travail de mesure sur la question juive durant la seconde guerre mondiale. Jean-Marie Le Pen provoquait à dessein. Il s’attaquait courageusement aux fausses croyances de notre France. Jusqu’à ce jour et à l’intérieur même de son parti, sa suite n’est pas assurée. On lui reproche même de continuer à être ce qu’il est.

Cependant si on peut le combattre et le contre-dire, il ne faut pas croire qu’en agissant ainsi, il n’ait pas très bien su ce qu’il faisait. Il n’a pas que mérité la défection des siens comme le soutient Eric Martin dans Nouvelles de France, il les a mis face à leurs responsabilités. Tout d’abord, il nous a rappelé qu’on n’enchaîne pas un homme à de fausses idées. Ca, c’était pour le monde. Mais il a aussi donné une dernière leçon de politique à tous ses colistiers : le pouvoir ça ne se donne pas, ça se prend. En vérité, je ne crois pas que Jean-Marie Le Pen ait jamais voulu empêcher Marine d’agir. Il a seulement voulu transmettre autre chose à sa fille, une idée bien masculine en fait, bien dangereuse à vouloir faire passer de père à fille : celle d’être libre tout étant l’héritière d’un idéal. Au-delà de cette notion d’héritage bien éloignée de celle que cultive une femme, la transmission s’accompagne. Or on n’apprend pas la rébellion. Au mieux peut-on inculquer à ses enfants le sentiment de justice tout en espérant qu’ils auront le courage de la défendre. A travers leurs réactions, ses héritières sont en train de lui signifier qu’il a échoué en ce sens. Elles voient le boulevard qu’il leur a ouvert, elles veulent maintenant cueillir les fruits de son acharnement. En dehors d’une telle stratégie, elles ne trouveraient plus sens à leur lutte. Amère et insipide sera pourtant la victoire qui en découlera, si elle survient.

Comme beaucoup d’autres, j’ai peur de Jean-Marie Le Pen. Durant des années, le système médiatique me l’a présenté en faisant rimer son nom avec “haine”. Mais ouvert à l’altérité, j’ai pourtant appris à l’écouter et à me faire une opinion en dehors des terreurs qu’on essayait de me léguer. Et il m’apparaît avec les années que toute une caste s’en est servi comme d’un repoussoir, défiant le père qu’elle cherchait désespérément dans son regard. Je n’ai plus l’âge de jouer à ces jeux là. Si haine il y a, elle n’est pas à chercher principalement chez cet homme d’Etat. En provocant la réflexion, Jean-Marie Le Pen n’a pas voulu oublier que les idées portaient la politique, opposé en cela à cette prison médiatique emplie de croyances factices dans laquelle on essayait de cloisonner sa pensée. Il a défendu son projet suivant sa logique, en homme d’honneur. Et quand bien même nous pourrions contredire de temps en temps le penseur, l’homme de combat mérite notre admiration à tous pour son ardeur. Même au sein de son camp idéologique, l’unité nationale semble devoir devenir une utopie. Puisse la France ne pas trop regretter de n’avoir pas su la protéger dans l’idée que Jean-Marie Le Pen s’en faisait.

2 réponses à “La dernière leçon politique (incomprise) de Jean-Marie Le Pen”


  1. Avatar de Léonidas Durandal
    Léonidas Durandal

    “1er mai avec les Le Pen”, Bernard Antony du 03/05/2016.


  2. Avatar de Léonidas Durandal
    Léonidas Durandal

    “Condamné ? Jamais ! seulement trahi…”, Christian Vanneste du 17/05/2015.

    Du côté de l’UMP même constat : manque de probité, honneur en berne, attitudes déloyales…

    L’ancienne garde est remplacée par des nouveaux venus pour que rien ne change. Les jeunes construisent un monde où les générations continuent d’être séparées. Au Front national Bruno Gollnisch préfère baisser les bras plutôt que cliver son propre parti. Une des manières des méchants est d’obtenir la victoire en exerçant un chantage inadmissible pour que la personne honnête cède. Ici, Bruno Gollnisch n’avait que le choix entre détruire l’ouvrage de sa vie et se retirer. Il s’est retiré. Qui pourra lui en vouloir ? Il y a vraiment un mécanisme de cassé dans notre société en ce qui concerne la transmission. L’avènement d’une nouvelle génération où la mixité est de mise rajoute aux difficultés :


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