Les secrets de Fatima, aux limites de l’ésotérisme féminin

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« C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez » (Mt 7, 15-20)

Au moins, quand une cartomancienne est encensée pour son travail, c’est qu’elle a eu raison. Peut-être a-t-elle eu de la chance, peut-être a-t-elle utilisé ce langage ambiguë qui permet de se donner raison en toutes circonstances, peut-être a-t-elle vraiment été touchée par l’Esprit Saint si elle est catholique et qu’Il a bien voulu lui parler. Toujours est-il qu’en allant voir ce genre de personnage, il est difficile de distinguer le faux du vrai. D’ailleurs à quoi sert-il de connaître l’avenir, s’il doit se réaliser ? Ces clients qui pour la plupart sont des femmes, cherchent à étendre leur maîtrise à tout, si cela était possible. Etrange humanité qui croit au destin tout en voulant y échapper.

Les révélations de Notre Dame de Fatima, elles, ne semblent entrer dans aucun de ces schémas. Non seulement l’Esprit Saint ne serait pas intervenu, ce serait Sainte Marie qui l’aurait fait, mais encore il ne s’agirait pas de prévisions mais d’invitations à la conversion, et enfin, ces « prophéties » se sont révélées fausses pour la plupart.

Des invitations à la conversion bizarres

Le premier secret, déjà, n’en est pas un. Il est celui d’une vision de l’enfer. J’imagine que tout bon croyant doit en avoir une évocation en lui, ou quelque chose qui lui ressemble. S’il n’en a pas, il n’a qu’à mieux regarder son quotidien, ses manques, les souffrances du monde et il en aura une idée assez claire, si l’imagination lui manque.

Le second secret évoque une nouvelle guerre pire que la première guerre mondiale durant le pontificat de Pie XI. Or détail qui n’en est pas un, le pontificat de Pie XI se termine avant le début de la seconde guerre mondiale. Mais admettons. Par la suite, la Russie doit se consacrer au « coeur immaculé de Marie » sinon, elle répandra ses erreurs dans le monde, s’en suivra guerres famines etc. Seulement la Russie n’est pas à l’origine du conflit armé de la seconde guerre mondiale. Elle y est entrée tard et a contribué à réduire le péril… allemand, sacrifiant au passage des millions de ses concitoyens. De plus, depuis la grande illumination de la bombe nucléaire, plus de guerre mondiale. La menace d’une destruction totale a calmé tout le monde, équilibrant les forces en présence. Jamais dès lors nous n’avons connu de période plus prospère dans nos pays. La Russie quant à elle, a repris le chemin de la pratique religieuse, abandonnant tous ses principes constructivistes.

Dans notre monde dégénéré, ce pays mentionné dans la prophétie n’est donc pas le porte étendard de la débandade, mais au contraire, le mouvement provient de ceux-là même qui se faisaient fi de lui donner des leçons. Non seulement la Russie ne s’est pas du tout consacrée au coeur immaculé de Marie, mais elle prospère spirituellement comme jamais, ceci expliquant certainement cela. D’ailleurs le démon, ne semble plus vouloir se servir des nations à proprement parler pour répandre le mal. Il semble plutôt vouloir les miner de l’intérieur par des idéologies comme celles du genre. Et ces idéologies sont mondialistes.

Ainsi, ces “révélations” nous font vivre à une époque qui n’est pas la nôtre. La prévision n’en était pas une, et a affaibli notre Eglise en ce qu’elle ne Lui a pas permis d’affronter les défis de son temps.

Quant au 3ème secret, idem. Soeur Lucie aurait révélé qu’il concernait Jean-Paul II qui a subi une tentative d’assassinat. Or loin de périr comme il est dit dans la prophétie, il a bien survécu. La révélation n’en était pas une. Ne parlons même pas de la mention de prêtres et d’Evêques tués à une époque où notre Eglise n’a jamais connu si peu de martyres…

 

Une Eglise pas assez ferme avec ce genre de délire

Rien dans cette histoire ne concorde. Rien n’est vrai. J’imagine mal quel aurait été le résultat si le diable avait été un peu plus malin et avait mêlé un peu de vrai au faux. Dieu a certainement eu pitié de notre faiblesse. Cependant, les dégâts n’en sont pas moins importants. A abandonner toute cohérence, et à favoriser de telles dévotions populaires, l’Eglise s’aliène les esprits logiques de son temps. Elle fait venir à elle, une population avide de se laisser bercer, pas d’entrer dans le monde. Elle perpétue de ces erreurs qui font fulminer les gens sincères et les écartent de son sein.

Car il faut une bonne dose de persévérance pour continuer à croire en Notre Institution alors même qu’Elle se caricature à ce point. Evidemment, l’Église est l’Église et restera l’Église. Et les croyants honnêtes ou pas, en font partie, souffrent avec elle, et continuent à la soutenir comme ils peuvent. Elle ne sera jamais parfaite. Il faut l’accepter pour progresser un peu spirituellement. Cependant, ceux-là même qui la veulent parfaite, agissent comme un boulet à son encontre. Ils tentent de maintenir une position ridicule qui en dit aussi long sur notre faiblesse que nous croyons être sans défaut.

Il est d’ailleurs significatif que Dieu ait voulu envoyer quelqu’un comme moi, à la marge des institutions pour faire ce travail. Je pense en l’occurrence que la parole n’est pas libre sur ces sujets, et qu’il règne une absence de débat bien caractéristiques de milieux qui s’enfoncent. Nos guides en manque de certitudes sont prêts à se raccrocher à n’importe quelle rêverie, ou à favoriser celle du peuple par fausse miséricorde. Or la nuit de la foi n’épargne aucun berger. Elle est la condition de l’exercice du sacerdoce, au moins de temps en temps. Nous ne marcherons pas toujours dans la grâce ou dans les jupes d’une Marie qui ressemblerait trop à celles de nos mères, humaines. Osez peuple de Dieu, entrer dans le désert. Ce sera toujours la condition de la libération.

 

Les détours du diable

Aujourd’hui, ceux qui voudraient nous tromper au nom de Jésus ne peuvent le faire à cause de la sainte Parole qu’Il nous a laissée : Mat 24-4 « Prenez garde que personne ne vous séduise. 5 Car plusieurs viendront sous mon nom, disant : C’est moi qui suis le Christ. Et ils séduiront beaucoup de gens. 6 Vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres : gardez-vous d’être troublés, car il faut que ces choses arrivent. Mais ce ne sera pas encore la fin. »

Cet avertissement nous a évité bien des schismes et bien des hérésies jusque là. C’était sans compter sur l’esprit démoniaque. Aujourd’hui, il lui arrive de se servir de Sainte Marie pour contourner le problème auprès de croyants fragiles dans leur foi. Les révélations mariales semblent agir en ce sens et enfoncer l’Église dans des crises sans fond. Plus nous nous réfugions auprès de Sainte Marie, plus nous semblons incapables d’affronter le monde grâce à Jésus. Car les révélations mariales nous laissent au stade de petits enfants incapables d’agir dans un univers dominé par le démon. Or la démarche que nous propose Jésus est au contraire, capable de nous faire aller jusqu’au martyre.

Il est d’ailleurs significatif que la vision de Fatima se soit faite dans la peur de voir le Pape et les prêtres mourir. N’est-ce pas la plus grande gloire pour un catholique d’en finir ainsi ? Nous aurions dû nous réjouir à l’annonce d’une telle grâce. Au contraire, le diable nous détourne de notre voie et cherche à nous effrayer avec des visions apocalyptiques du monde, où la rédemption de notre Seigneur Jésus ne passerait pas par la mort. Pourtant, Dieu avance sa main sur le monde et peut guérir n’importe qui, surtout de ses peurs de mourir ou de souffrir. Les catholiques avancent vers le martyre d’un coeur joyeux, persuadés que la rédemption leur sera accordée. Les catholiques dans le péché regardent la mort et la souffrance avec peur, et se réfugient dans leurs certitudes eschatologiques pour se rassurer. Ainsi la survie de Jean-Paul II pourrait-elle être vue comme un vrai signe, elle, contredisant la prophétie pour nous avertir.

Un autre problème fondamental qui concerne les révélations de Fatima, c’est celui de la responsabilité collective. Il me semble, et quelqu’un doit me le dire si je me trompe, que la responsabilité collective nous est étrangère. Le salut catholique est individuel. Il concerne notre conscience libre de choisir Dieu ou de le rejeter. Or comment une conversion collective pourrait nous sauver d’événements que par ailleurs nous devons attendre individuellement d’un coeur rempli d’espérance ?

Enfin, cette invitation à vivre dans la peur de l’enfer, semble bien peu compatible avec la possibilité de se reconnaître pêcheur et ainsi vivre de l’amour de Dieu par le pardon qui nous est accordé par Jésus. La peur paralyse. Elle est le sentiment à vaincre pour agir dans le monde. Je ne vois pas comment cette peur pourrait nous conduire à une action saine. A mon avis, plus que d’en avoir peur, le catholique devrait détester l’enfer, détester le démon, le rejeter, rejeter cette part de mal en lui. La peur, c’est l’inverse de la foi. Elle est assise sur une ignorance qui est l’inverse de la grâce donnée par Dieu et qui doit être recherchée par tout pratiquant. Ce reliquat janséniste d’un 19ème siècle maudit pour notre Eglise vient jusqu’à nous pour nous tromper, et nous stopper dans notre retour à Jésus.

Une révélation qui n’a rien révélé d’utile, fausse, qui s’oppose au dogme. Que nous faudra-t-il pour ouvrir les yeux sur notre misère ?

 

Nous rapprocher de Jésus en nous éloignant de Marie

A force de voir tant de croyants tomber dans des hérésies fondamentales doublées par des incohérences grossières, j’en arrive à me demander si le culte marial est bon pour ces personnes là. Le culte marial devrait être encadré de manière beaucoup plus stricte et réservé à des personnes assez croyantes pour s’être d’abord tournées vers Jésus, comme ce fut le cas pour des apôtres par exemple. Je me demande si nous allons vraiment de Marie vers Jésus, et si au contraire, un catholique ne devrait pas aller de Jésus à Marie.

Marie est compréhensible à travers le message de son fils. Par contre, Jésus l’est difficilement quand le croyant reste dans le giron de sa mère. Cet enfermement nous porte tort individuellement et collectivement car je ne vois pas que l’expression de cette féminité ait porté du fruit dans notre Eglise. A l’inverse, plus celle-ci se féminise, plus Elle semble osciller entre une raideur incapable de s’adapter aux circonstances, ou une institution sans sel, finissant par empêcher les forces vives de se coaliser en son sein. Bien entendu, il ne s’agit pas de mépriser, ni de chasser des catholiques qui seraient sensibles au culte marial, mais de les orienter progressivement vers Jésus, avec miséricorde pour qu’ils puissent redécouvrir Marie.

 

Espérer, vraiment, parler au peuple, vraiment.

Aujourd’hui, l’exigence est de tempérer un culte marial qui a pris toute la place, il n’y a qu’à voir les représentations efféminées de Jésus dans nos Eglises, les chants systématiquement interprétés dans les aiguës, comme si nous étions tous castrés. Notre Eglise n’avance plus et elle est tentée de se réfugier dans l’ésotérisme féminin. Le culte marial tel qu’il se pratique aujourd’hui, avec ses « révélations », ses apparitions, ses messages de cartomanciennes, parsème notre chemin de fausses espérances, qui ne sont pas nées de notre vécu, du dépassement des épreuves par Jésus.

Combien de prêtres ne nous parlent pas assez d’eux et de leur parcours spirituel, mais sont tentés de développer de grandes idées lointaines, se cachant derrière l’horrible politiquement correct qui fait office de compromis auprès du peuple, ceci pour éviter les dissensions. A parler uniquement de ce qu’ils auraient passé au tamis de leur expérience, aussi petite soit-elle, les prêtres parleraient forcément avec mesure, logique et masculinité, et ne choqueraient pas un troupeau qui vient de partout. Car ce populo perdu, avec les restes ésotériques qui l’animent, cherche à s’extraire de toute raison, difficile à accepter, comme la réalité de ce monde. Les sanctuaires marials deviennent dès lors le presque seul point de rencontre des communautés vers l’extérieur, pratique bien étrange en vérité puisqu’il s’agit, non pas de partir à l’aventure en dehors de la paroisse, mais de trouver une excuse pour se regrouper entre personnes qui veulent se réconforter. L’abandon dont a fait preuve Marie envers Dieu est mimé, non pour se risquer, mais pour éviter d’avoir à réfléchir. Ainsi, la facilité devient l’objectif, elle est même sacralisée au point que des prophéties fausses comme celles de Notre Dame de Fatima peuvent prospérer dans un monde où la science est pourtant omniprésente, comme en relief de deux univers masculins et féminins qui ne sauraient plus dialoguer entre eux.

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