En finir avec les pensions alimentaires

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Ce matin, un père m’envoie un article avec pour titre : « Pensions alimentaires : vers la fin du calvaire ? ». Pour rappel, pas mal d’hommes sont condamnés à de la prison parce qu’ils ne peuvent pas les payer, leurs revenus peuvent être saisis à leurs frais, et leurs allocations pour se loger peuvent même leur être retirées quand bien même ils seraient en situation de grande précarité. A la lecture du titre de cet article, ce papa s’imagine donc que la société s’est réveillée. Le choc en a été pour lui d’autant plus brutal. Le calvaire dont il est fait mention, ne concernerait que les femmes.

Loin de penser comme mon lanceur d’alerte que cet article est inadmissible, je le crois très intéressant. Dans sa colère, ce papa ne s’est pas aperçu qu’il nous donnait beaucoup d’informations édifiantes sur le sujet au point qu’il justifie ce que je pense depuis longtemps : les pensions alimentaires ne devraient plus exister.

Tout d’abord, le lecteur pourra y apprendre que la justice oblige au paiement de pensions alimentaires de 360 euros pour des personnes au RSA ! (qui touchent au maximum 500 euros). Plus étonnant encore, la mère de famille interpellée par les journalistes n’admet pas que l’État n’ait pas pu obliger son ex-mari à payer. Et la journaliste ne trouve pas sa remarque déplacée, comme si tous vivaient dans une sorte de monde irréel.

Or ce cas particulier n’en est pas un. L’huissier interrogé le confirme : la grande majorité des impayés serait le fait de pères sans revenus. Obliger des personnes indigentes à s’acquitter de sommes disproportionnées par rapport à leurs moyens cela ressemble à du harcèlement.

Cette situation généralisée de pauvreté en cas d’impayé n’a pourtant pas empêché l’État de créer un service de la CAF dédié au recouvrement de ces sommes. Au passage, le dit service en Aquitaine a traité l’année dernière 209 dossiers de femmes pour 10 dossiers d’hommes. La répression est mise en œuvre contre un sexe uniquement. Après 1 an de fonctionnement et l’utilisation de moyens illimités, ce qui devait arriver arriva. Deux tiers des sommes recherchées n’ont pu être récupérées. 10 personnes auront été employées pour assurer ce service sur une bonne part de la région et à 30 000 euros bruts en moyenne par tête de pipe, l’emploi des fonctionnaires aura coûté presque deux fois plus d’argent que les 168 000 euros recouvrés pour les femmes. Surtout que la Caf avance déjà une partie des pensions alimentaires impayées quand les hommes ne le peuvent pas.

Des mesures qui coûtent plus cher qu’elles ne rapportent, un système répressif dirigé contre des pauvres, des droits pour les mères supérieurs aux capacités de paiement des pères. L’essentiel est dans la traque. L’exemple d’une jeune fille de 23 ans qui a racketté son père pour se faire entretenir longtemps après sa majorité, ajoute au sordide de l’article. La défense n’a pas le droit à la parole.

Dans un monde où les femmes sont libres de travailler, de se marier, indépendantes, et possèdent bien plus de droits que les hommes, la pension alimentaire semble un archaïsme. Au pire, elle devrait faire l’objet d’un contrat au moment de la grossesse et plus sérieusement, avant le mariage. Au mieux, il faudrait envisager sa suppression pure et simple. Or loin de cela, les hommes se retrouvent engagés aujourd’hui au-delà de leurs possibilités sans le savoir, pour des enfants qui, pratiquement, ne sont pas les leurs. Les charges fixes d’accueil qui sont égales entre pères et mères, quelles que soient les droits de résidence de chacun, rajoutent à l’injustice. La pension alimentaire ressemble à s’y méprendre à instrument de vengeance suivant des ruptures mal vécues, quand elle ne nourrit pas la vénalité de femmes en perte de repères. 

Les coûts en termes de justice, de travailleurs sociaux, de frais d’huissiers et d’avocats dépassent les sommes recouvrés. Le système entretient une absurdité dont il vit, sur la misère de mères qui ont cru que la libération de la femme sur le dos des hommes, pouvait avoir une issue.

A prendre un peu de recul, la situation serait à ce point ridicule si tant de vies n’étaient pas brisées du côté des femmes, et plus encore des hommes et des enfants. Chacun croit pouvoir faire n’importe quoi. Les plus pauvres finissent à la rue avant de s’être remis de leurs illusions. Ce système a tout d’inutile et de néfaste.

Enfin, tandis que nous n’avons pas réussi à faire vivre cette coutume en situation de richesse, il est à craindre que la baisse du niveau de vie de chacun n’accentue le phénomène de harcèlement des pères. Prendre les hommes comme boucs émissaires pour épancher une colère illégitime n’y ajoutera rien. Une société moderne ne peut survivre à des besoins irrépressibles de vengeance qui augmentent au fur et à mesure des années surtout quand ils trouvent de moins en moins leur assouvissement. 

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